Quatre Évangiles, Matthieu, Jean, Luc et Marc : tel est l' ordre dans lequel l'Oncial D(05), dénommé codex Bezæ en milieu anglophone, présente les quatre évangiles; le codex Washingtonianus confirme cet ordre. Dans les recueils postérieurs, Jean fut permuté avec Marc de manière à ce que les trois Synoptiques soient lus à la suite : Matthieu, Marc et Luc, puis Jean. Avec St Augustin les générations successives y virent l'ordre originel dans lequel chacun avait été mis par écrit, jusqu'à ce que s'exerçât la réflexion du “siècle des Lumières”.
Dans ses Observations sur les quatre évangiles publiées à Londres en 1764, H. Owen, suivi deux décennies plus tard par J Griesbach, proposait de permuter à nouveau Marc, parce qu'il estimait qu'il était redevable à Luc (qui était redevable à Matthieu).
Anton Büsching dès 1766, estimait que Luc ne devait pas plus à Marc qu'à Matthieu, mais qu'il était leur source. Il en reconnaissait, la valeur historique et linguistique, autant que la rigueur chronologique. Büsching affirmait la “priorité Lucanienne” dans une époque où la logique veillait à ce que les conséquences ne soient pas interverties ou confondues avec les causes.
Sa thèse fut reprise par Edward Evanson en 1792, par Vogel en 1804, Roediger et Schneckenburger en 1827, Noack en 1870, Mandel en 1889, W. Lockton en 1922. L'antisémitisme généralisé allait la mettre sous le boisseau jusqu'à ce que R L Lindsey entreprit, en 1963, de traduire en hébreu l'évangile de Marc; il avait imaginé faire une simple rétroversion du grec vers l'hébreu parlé par Jésus, mais, devant les difficultés rencontrées, il fut amené à conclure que l'évangéliste n'avait pas fait une traduction mais un travail de compilation à partir du grec de Luc. Les résultats de ses travaux ont été repris par Halvor Ronning.
Côté français, André Méhat a conclu, lui aussi, à la priorité lucanienne; mais bien rares sont ceux qui ont repris le flambeau après lui. La démarche de J. Robinson, J Carmignac et C. Tresmontant visant à redécouvrir l'hébreu sous les textes évangéliques serait à focaliser sur l'œuvre de Luc qui, dans la décennie qui suivit la Résurrection, transcrivit en grec ce qui avait été recueilli de Jésus.
Un tournant a été pris avec l'identification, par Richard H Anderson, du destinataire de cet évangile, à savoir le grand-prêtre Théophile, en fonction de 37 à 41; s' éclairait d'un jour nouveau le contexte politique, religieux et socio-culturel dans lequel Luc avait rédigé.
Une attention plus soutenue à la différence des leçons d'un manuscrit à l'autre s'est manifestée à travers le patient travail de Reuben Swanson, tandis que le caractère originel du texte gardé par l'Oncial D(05) a pu être mis en évidence. La prise en compte de tout ce qui a été transmis, sans marginaliser tel manuscrit par rapport aux autres, devrait permettre de discerner les tendances de l'évolution du texte.
C'est à une hypothèse hasardeuse que l'exégèse s'était livrée au cours des deux siècles précédents. À l'inverse de Bushing, G. Ch Storr dès 1783 avait pensé discerner en Marc le récit originel revu et augmenté par les deux autres Synoptiques. Sa thèse, revisitée par H. Weisse cinquante ans plus tard, s'imposa peu à peu en monde protestant avant de gagner la chrétienté dans son ensemble. Le récit de Marc, dépeignant un Christ artisan issu du peuple, passait mieux dans un siècle rationaliste que celui des apparitions angéliques. Toutefois, comme les textes de Matthieu et de Luc étaient plus élaborés que le sien, il était nécessaire de leur supposer au moins une source supplémentaire, de manière à imputer les améliorations de leur réflexion à Jésus lui-même. Ainsi prit corps l'idée de “proto-évangiles” et surtout de l'hypothétique source “Q”, dont pas un lambeau de papyrus n'est encore venu confirmer l'existence. Cette théorie repose sur la phrase reçue de Papias selon laquelle Matthieu aurait écrit des logia en hébreu ; quel Matthieu et quelles logia qu'aucun lambeau de papyrus n'est venu attester ? Cette thèse qui s'est, néanmoins, imposée partout ne peut être requestionnée, tant il s'avère difficile de revenir d'habitudes prises et de réflexes acquis.
ORDRE CHRONOLOGIQUE
Évangile de Luc (entre 37 et 41)
Épître aux Hébreux (entre 35 et 45)
Épître de Jacques (avant 62)
Épître de Jude (avant 62)
Actes des Apôtres (entre 41 et 60)
Évangile de Marc (avant 70)
Évangile de Matthieu (après 70)
Évangile de Jean (entre 80 et 100)
ÉVANGILE DE LUC
L'évangile de Luc fut le premier évangile à avoir été rédigé (oralement) puis mis par écrit en grec, si bien que le rédacteur serait à distinguer du traducteur. Il fut dédicacé à l'intention de son excellence Théophile en qui il y a lieu de reconnaître le grand-prêtre, institué tel par Rome, de 37 à 41. Se plaçant à son ombre, l'évangéliste taisait son propre nom. Mais pour avoir tout accompagné attentivement, il ne s'était pas trouvé sur les lieux par hasard; probablement y avait-il été invité par Jésus, qui, couramment appelé Rabbi, s'était très certainement préoccupé lui-même, dès le départ, de la transmission de ses enseignements puisqu'il insistait sur la nécessité de “garder et d'observer la parole” (cf Lc 8:11, 9;26; 9:44; 11:28; 20:20; 21:33 etc.). L'évangile de Luc constitue la cellule initiale détentrice de l'information; paraphrasé ou commenté, il fut ensuite “revu et corrigé” dans les écrits postérieurs pour une harmonisation avec ses parallèles. Or c'est en lui que s'originent les trois autres évangiles, et l'Oncial D(05) en est la mouture la plus ancienne à nous être parvenue.
ÉPÎTRE DE JACQUES
Jacques mais lequel ? Comme Jacques, le fils de Zébédée et frère de Jean était mort tôt, vers 43, l'épître de Jacques fut attribuée à un disciple écrivant sous son nom à une époque tardive. En fait, il ne s'agissait pas du Jacques de Compostelle, mais de ce Jacques que Paul appelait "le frère du Seigneur" et qui fut le guide de la communauté de Jérusalem; il avait Jude pour frère.
“Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ, aux douze tribus qui sont dans la dispersion, salut!”.
Il se présentait comme serviteur et de Dieu et du Christ, les plaçant sur un même plan. Par un déplacement subtil, il attribuait au Christ les prérogatives du Père. Sa pensée n'est pas marquée par la théologie de la croix issue de l'Épître aux Hébreux et reprise par Paul.
À peine entrevu dans les Actes, Il fut très présent en arrière fond du ministère de Jésus, notamment lors de la Résurrection. C'est vraisemblablement sous son autorité et sa responsabilité que fut écrit l'Évangile de Luc, en particulier la préface. Il devint pour l'évangéliste Jean la figure du disciple par excellence.
ÉPÎTRE AUX HÉBREUX
Écrite par le lévite Barnabé — ainsi que l'affirmait Tertullien — cette épître constituerait la première réflexion d'ordre théologique sur le Christ : Jésus, un homme devant qui, même les anges se prosternent, fils du créateur de l'Univers et son égal, plus qu'un intime de Dieu il est l'empreinte de sa substance, irradiation de sa gloire. Comment Barnabé avait-il pu franchir ce pas? Une identification de Jésus à YHWH était plus que suggérée en Luc et dans l'Épître de Jacques, et il pouvait être non moins aidé par la spiritualité des manuscrits de la Mer Morte et des communautés affiliées. Il s'est efforcé de donner un sens à la mort du Christ en le comparant au grand-prêtre officiant dans le temple; par la nouvelle alliance en son sang conclue avec les fils d'Abraham il accédait au Père qui le reconnaissait grand-prêtre pour l'éternité. Son compagnon Paul fut saisi par cette spiritualité ; l'intégrant au culte eucharistique, il en assura le développement et la transmission à l'intention des païens. Barnabé n'ayant intégré à son texte aucun détail significatif le concernant directement, les commentateurs ont vu dans l'Épître aux Hébreux un texte tardif influencé par Paul. Or c'est bien l'inverse qui a pu se produire. Écrite pour des Israélites d'origine sacerdotale alors que des persécutions avaient déjà décimé la communauté, mais tandis qu'un grand prêtre officiait encore à Jérusalem et que des sacrifices étaient offerts au temple, elle pourrait remonter aux années 35 - 45 (avant le premier voyage de Barnabé et Saul).
ÉPÎTRE DE JUDE
Jude, qui se disait le frère de Jacques, devait être cet Apôtre nommé avant-dernier sur la liste de Luc; son frère était ce chef de la communauté de Jérusalem que Paul disait "frère du Seigneur"; tous deux étaient membres de la famille de Jésus, ses cousins par Cléopas, le frère de Marie. Se référant à l'Assomption de Moïse, au Testament de Nephtali et au Livre d'Enoch son écrit plongeait ses racines dans le terreau Juif. Au v15, il citait 1 Enoch 9 dans sa traduction grecque qui existait dès avant 70, puisque des fragments tant araméens que grecs ont été identifiés parmi les manuscrits de la mer Morte. Elle fut très certainement écrite avant 62, année de la mort de Jacques, sinon Jude ne se serait pas contenté de se dire "frère de Jacques" : Il aurait fait allusion à son martyr.
ACTES DES APÔTRES
Seconde œuvre de Luc dédiée à Théophile. La dédicace au personnage choisi dans un premier ouvrage était réitérée dans le second; telle était la coutume. Le livre s'achève avec les années de captivité de Paul à Rome vers 58-60, où Luc serait mort... martyr peut-être ? Derrière les vies de Pierre, Paul et Jacques, transparaît en filigranes celle de l'auteur et son choix de suivre tel ou tel. Tout en demeurant dans l'ombre son impact fut non moins grand que le leur.
Se serait-il servi du carnet de voyages d'un quidam pour le reprendre à son nom et s'en attribuer les exploits ? Ce serait prêter un jeu d'écritures pour le moins falsificateur à ce fidèle du Christ.
« Il aurait fallu un travail de recherche considérable à un historien ultérieur pour découvrir que, à cette époque, Ananias devait être le grand-prêtre contemporain de Paul et que cet épisode avait lieu pendant que Félix était marié avec Drusilla (qui était née en 38 et avait déjà eu un mari avant Félix), et que, peu de temps après, Bérénice (qui avait déjà eu deux maris) vivait avec son frère (pour une très courte période) alors que Festus était procurateur. Il est impossible qu'un auteur vivant au IIe siècle ou même seulement cinquante ans après la mort du Christ, puisse manifester une exactitude aussi minutieuse en ce qui concerne le contexte historique réel de son récit. Dans les écrits d'un historien postérieur, on aurait certainement trouvé des anachronismes, ce qui n'est jamais le cas dans les Actes.» ( citation d'un anonyme).
Diverses raisons scripturaires donnent à penser que les premiers chapitres des Actes (2 à 10) suivaient l'Évangile et ne formaient avec lui qu'un seul livre composé dans les années 35-40. Par la suite, les Actes furent complétés et scindés d'avec l'évangile.
(Saul de Tarse, qui reçut le nom de Paulus à Chypre, écrivit entre 50 et 60).
ÉVANGILE DE MARC
Marc semble avoir connu les Actes des Apôtres, les lettres de Paul et l'Épître aux Hébreux. Son texte fut harmonisé au second siècle sur celui de Matthieu, ce dernier l'ayant repris et rectifié. C'est la raison pour laquelle la critique textuelle est si hésitante à départager lequel est le premier par rapport à l'autre, malgré les publications de Reuben Swanson. L'Oncial D(05) en apporte la preuve avec l' exemple significatif du “sang de l'Alliance”.
Le dernier chapitre s'achevait brutalement sur l'annonce de la résurrection du Christ, faite à des femmes qui n'y ajoutaient pas foi comme si l'évangéliste en doutait lui même. Il était habité par l'attente fiévreuse d'un évènement "eschatologique" relatif au temple et prophétisé par Jésus:
"Et Jésus, en réponse, leur dit: Vous voyez ces édifications immenses?Amen je vous dis qu' il ne sera pas laissé ici pierre sur pierre qui ne soit jetée à bas! Et après trois jours un autre sera relevé sans les mains". Mc 13,2D05.
La dernière phrase propre à D(05), fut retirée ailleurs. Sentant les évènements se précipiter, Marc devait souhaiter leur accomplissement avec l'espoir de voir surgir une manifestation glorieuse. La tradition voit en lui ce cousin de Barnabé nommé Jean-Marc, dont la mère Marie avait une maison à Jérusalem ; plusieurs thèmes communs à son évangile et à l'épître aux Hébreux pourraient le confirmer tandis qu'en sens contraire ses approximations en matière de topographie et d'histoire empêchent de penser qu'il ait arpenté lui-même les lieux. Comme Barnabé il pouvait être originaire de Chypre où se trouvait une forte colonie romaine parlant le Latin. Son surnom Latin était assez peu fréquent en monde sémitique et son évangile présente des latinismes relevant du vocabulaire de l'armée (denarion, spekulator. fragelloô...) Était-ce lui encore, ce Marc qui fut compagnon de Paul et de Pierre? C'est ce que laisssait entendre Jean l'Ancien.
ÉVANGILE DE MATTHIEU
Selon Papias Matthieu aurait composé en hébreu un “recueil de logia” des paroles de Jésus. Ce propos a connu une fortune extraordinaire depuis le XIXeme siècle avec l'hypothèse de “la source Q”. Mais un tel recueil fait davantage penser à l'évangile de Thomas que son auteur présentait lui-même comme un recueil de paroles (logoi apokouphoi), ou bien encore à l'épître de Jacques formée d'une suite de recommandations.
À lire Jérôme de Stridon, ce que l'on a pris pour l'Évangile en hébreu de Matthieu n'était autre que “l’Évangile aux Hébreux” connu par des citations patristiques ; c'était la traduction en araméen d’une harmonisation des trois évangiles synoptiques réalisée en milieu judéo-chrétien au tout début du second siècle et influencée par la Gnose. À partir d'elle furent réalisés l’Évangile des Nazaréens et l’Évangile des Ébionites ; cette harmonisation n'est pas à confondre avec la traduction en hébreu du seul évangile grec de Matthieu, transmise en particulier par Shem-Tob ben-Isaac ben-Shaprut dans les années 1380.
Le “Premier Évangile” attribué à un cetain Matthieu fut écrit en grec après la destruction de Jérusalem, selon l'épisode de la didrachme qui trouve explication dans ce contexte. Deux ans avant que les Chrétiens ne soient accusés d'avoir incendié Rome, Mithridate accompagné de son cortège de Mages s'était incliné devant Néron comme incarnation du dieu Mithra. D'une manière allusive à travers son récit des Mages conduits par une étoile jusqu'à Hérode que la colère emporta jusqu'à massacrer une foule d'innocents, Matthieu invitait les Chrétiens à prendre exemple sur Joseph et à fuir les scènes dangereuses lorsqu'ils verraient se profiler certains signes précurseurs. Replacés dans le contexte des persécutions de Domitien, ses récits allégoriques pleins de subtilités, deviennent “intelligibles” pour l'homme averti. Matthieu faisait ainsi entrer dans son évangile les préoccupations auxquelles il était confronté. En mettant l'accent sur l'obéissance et les mérites, son écrit répondait à la nécessité, pour la communauté, de se protéger et de s'affirmer sur des bases institutionnelles.
L'évangéliste Matthieu avait sous les yeux l'évangile de Marc qu'il rectifia dans certaines de ses incongruités et il se positionna par rapport à l'évangile de Luc auquel il reprit tels quels certains épisodes s'inspirant et recréant d'autres, comme les récits de l'enfance.
ÉVANGILE DE JEAN
Le quatrième évangile reçut le nom de l'auteur de l'Apocalypse qui se présentait sous le nom de Jean. Il affirmait avoir recueilli le témoignage du disciple bien aimé sur le coup de lance porté au Christ après qu'il soit mort, et il attestait que ce témoignage était véridique, ce qui s'est vu confirmé par le Linceul de Turin. Mais si l'auteur avait su recueillir ce témoignage de manière directe, il n'en avait pas moins reconstitué certains épisodes:
En effet quelques lignes plus loin, il offrait un récit de l'ensevelissement, qui allait contre les synoptiques et contre la véracité des faits : Selon les usages juifs, le corps d'un défunt n'était pas embaumé et les analyses sur le tissu du linceul n'ont permis de détecter, ni myrrhe ni aloès. L'évangéliste entremêlait de manière inextricable le fictif au véridique donnant du fil à retordre aux générations qui allaient suivre.
Il n'y a guère de thème Johannique qui n'ait son antécédent en Luc, et l'auteur avait aussi puisé au texte de Matthieu. Ainsi, par exemple, avait-il repris le sémitisme de Mt 16:16 “Simon Bariôna” pour le traduire en Grec “Simon huios Iôna” (Jn 1:42 et 21:15). Bariôna revêtait deux significations: le signe de l'Esprit Saint, Iôna voulant dire colombe et celui du prophète de ce nom, calligraphié Jonas. Mais le symbole n'étant plus perçu au temps où les évangiles furent rassemblés pour former l'ancêtre de l'Oncial D(05), l'expression fut transformée en huios Iôannou, fils de Jean, leçon gardée dans la moitié des manuscrits.
Le dialogue entre Jésus et Nicodème repose sur une ambivalence conduisant à une équivoque entre les deux interlocuteurs : l'adverbe grec ἄνωθεν reçoit deux significations, soit d'En-Haut soit de nouveau, une spécificité qui ne se trouve ni en araméen ni en hébreu. L'auteur rédigeait donc directement en grec.
À travers la méditation du prologue se manifeste d'emblée le style propre de l'écrivain, un style qui se retrouve dans les longs discours tenus pas Jésus, l'évangéliste ne craignant pas de lui prêter sa plume. L'ordre du récit suit le mouvement spirituel de son auteur à l'écart d'une chronologie stricte des évènements.
Sylvie Chabert d'Hyères
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OUVRAGES DE REFERENCE
H. Owen, Observations on the Four Gospels (London: 1764);
J. J. Griesbach, Commentatio qua Marci Evangelium totum e Matthaei et Lucae commentariis decerptum esse monstratur, I-II (Jena, 1789-90),
A. Büsching Die vier Evangelisten mit ihren eigenen Worten zusammengesetzt und mit Erklärungen versehen (Hamburg, 1766).
G. Ch. Storr, Über den Zweck der evangelischen Geschichte und der Briefe Johannis (Tübingen: 1786)
H. Marsh, "Dissertation on the Origin of our Three First Canonical Gospels" in Introduction to the New Testament by John David Michaelis, vol. 3, pt. 2 (2d ed., London: F. C. Rivington, 1802) 167-409;
W. Lockton, "The Origin of the Gospels," Church Quarterly Review (July, 1922).
R. L. Lindsey, "A Modified Two-Document Theory of the Synoptic Dependence and Independence," Novum Testamentum 6 (1963): 239-63.
André Méhat, Les écrits de Luc et les événements de 70. Problèmes de datation dans Revue de l’Histoire des Religions, 1992.
R H Anderson, A la recherche de Théophile, Les Dossiers d'Archéologie, dec. 2002.
Swanson, Reuben J, "New Testament Greek Manuscripts: Variant Readings arranged in Horizontal Lines against Codex Vaticanus".
Halvor Ronning, A Statistical Approach to the Synoptic Problem, 2016.